Je sens que depuis des mois je tourne en rond. Je ne trouve pas l’entrée. La vraie entrée. La nécessité profonde. Le dialogue intime et essentiel de ce spectacle.
Répondre à cette question si clairement posée par Guillaume et Lazare : Pourquoi moi, Imre, aujourd’hui ?
Deux avancées majeures dans le travail la semaine dernière :
J’ai rencontré depuis deux ami.e.s militant.e.s dans des organisations juives de gauche.
L’une, Séphora, militante féministe, ayant participé à Golem à ses débuts, puis ayant quitté l’organisation.
L’autre, Manu, militant depuis ses 15 ans, à Alternative Libertaire pendant près de 15 ans, puis à l’UJFP et co-fondateur des JJR (jeunes juifs révolutionnaires).
J’avais besoin de parler de cette question d’identité juive de gauche depuis le 7 octobre. L’avant et l’après.
=> la porte des témoignages, de l’intime, des confidences s’est ouverte. Des histoires tragiques de ces juif.ve.s de gauche, de ces militant.e.s perdu.e.s. La mienne aussi.
Une histoire de Manu :
Militant extrême-gauche depuis toujours, faisant toutes les manifs, notamment celle contre la loi travail, insultant de traîtres les membres du PS dès qu’il en croise en manif. Il habite à Pantin. Un dimanche matin après le 7 octobre, il se fait tracter au marché par des militants LFI. Il leur dit “réglez vos problèmes d’antisémitisme avant de me parler”. Le ton monte. Le ton monte très fort. Ils sont à deux doigts de se frapper. Il finit son marché. Puis deux hommes lui parlent “On est avec vous”. Ils ont tout entendu, ils n’ont pas bougé, ils sont au PS. Manu pleure.
J’ai vu Lacrima de Caroline Guila Nguyen. J’ai été embarqué. Tire-larme fictionnelle, puissance du 4ème mur, récits à tour de bras. Mais j’ai été prise. Réconciliée par la question des personnages.
=> une illumination : et si la metteuse en scène devenait un personnage ? Et si on écrivait une fiction ? Et si je lui créais une famille, une cosmogonie – entre fantasme et réalité ?